La
déposition de croix. La passion n'est rappelée
que par son ultime consommation, brossée dans le grand
tableau qui l'allonge au dessus de la tribune. Joseph d'Arimathie
et Nicodème, qui viennent de déclouer le supplicié,
déposent sur la pierre de l'onction couverte d'un suaire
le corps pesant qu'ils ont saisi sous les aisselles.
Les bras de Jésus pendent inertes, la tête s'est
affalée sur la poitrine, les mèches de cheveux
sont collées dans le cou par le sang et les sueurs
de l'agonie. Le cadavre aux teintes livides se présente
sensiblement de face en un adroit raccourci perspectif, les
jambes repliées en arrière, le périzonium
ceignant les hanches. Le calme de la mort s'est imprimé
sur les traits de la figure très belle, encadrée
par un collier de barbe. Les lèvres fines s'allongent
sous un nez aquilin. Les globes des yeux couverts par les
paupières s'enfoncent dans l'ombre des arcades.
A gauche du tableau, la Vierge est agenouillée, habillée
de rouge sous un manteau bleu, la tête couverte d'un
voile retombant. Elle lève vers le ciel un regard éploré
et, les bras écartés, les paumes des mains ouvertes
vers l'avant, fait à Dieu l'offrande de sa douleur
et de son fils mort. A sa gauche, de face et un peu en arrière,
la Madeleine se dresse debout auprès du corps, vêtue
d'un manteau aux tonalités mauves qui laisse à
découvert l'épaule gauche de la robe blanchâtre.
Elle tend les mains jointes dans le geste d'une souffrance
muette qui s'imprime aussi dans les traits de son beau visage.
Les silhouettes des deux hommes se devinent plus difficilement
sous les vernis obscurcis. Joseph d'Arimathie, qui porte une
épaisse barbe grisonnante, est coiffé d'un lourd
turban oriental. Un manteau rouge enveloppe son compagnon.
Un paysage de rochers surgit dans le contre-jour de l'arrière-plan.
Dans l'angle de droite de la toile, deux angelots ailés,
aux corps nus et potelés, sont allongés sur
le sol, saisis d'étonnement. Aux pieds du Christ un
bassin plat fait allusion aux dernières ablutions. |